Une jambe est suspendue dans un buisson. Un corps y est-il attaché ? Un homme nu aux cheveux clairsemés se tord les bras et les jambes sur le pont de Brooklyn. Un vélo est immobilisé à proximité. S'agit-il d'une performance ? Le signe d'un état d'esprit en voie de désintégration ? Un homme qui aime simplement être nu en public ? Toutes les réponses sont correctes, et aucune ne l'est. Comme toute photographie, ces images sont un instantané de la réalité, mais elles ne sont pas la réalité elle-même. Richard Kalvar, l'auteur de ces scènes ambiguës, a passé plus de 50 ans à sillonner rues, bars, parcs et fêtes, à la recherche de l'instant « magique » où composition, cadrage et sujet s'harmonisent, créant un univers entier dans un seul cadre. « Lorsque vous prenez une photo, vous l'extrayez de quelque chose de plus grand, en mouvement et en 3D », explique Kalvar. « Vous donnez du sens à ce petit instant isolé, et ce sens n'est pas toujours très clair, presque jamais très clair. » Richard Kalvar, né en 1944 à New York, a commencé à travailler comme assistant du photographe de mode Jérôme Ducrot après avoir obtenu son diplôme de l'Université Cornell. En 1970, il s'est installé en France, où il a contribué à la fondation de l'agence Viva. En 1975, il a rejoint l'agence Magnum en tant que membre, et en 1977, il en est devenu membre à part entière.
 Aujourd'hui, il vit toujours à Paris avec sa femme et ses deux enfants.