Dans O., le célèbre artiste dominicain-américain Luis Alberto Rodríguez dévoile son approche chorégraphiée et incarnée de la photographie à travers une série qui explore la chute libre de la vie, la construction de l'identité et ses liens avec la destinée spirituelle. Influencé par la mystique française Simone Weil, Rodríguez trace une ligne entre ses portraits épurés et l'œuvre de Weil, en quête de pureté et de la relation entre souffrance et transcendance. Le titre du livre, la lettre O, évoque cette transcendance : entre un bruit, un halètement, une expiration, un cycle, tous les sons, un symbole ouvert, un zéro, une réinitialisation.

 À partir d'un casting de corps, d'âges, d'horizons et d'identités divers, Rodríguez sculpte une série de nus oscillant entre puissance et perte de contrôle. Rodríguez met ses sujets au défi de lâcher prise : les corps se tordent et s'effondrent tandis qu'ils retrouvent leur équilibre, s'élèvent vers la grâce et atteignent la pureté. Quel contrôle avons-nous sur la direction que nous prenons ? L'atterrissage est-il en douceur ?

 Rodríguez encadre ses nus saisissants en dialogue avec des images de tasseographie, une pratique de divination par la lecture dans une tasse de café qui fait écho à son héritage dominicain, afin de s'immerger spirituellement dans la force et la beauté de ceux qui apparaissent et disparaissent devant son objectif. O. évoque la volatilité de notre moment présent, nos états d'instinct de survie et l'avenir qui nous attend.