Rodeo Drive, 1984, est une série de 41 images de clients sur la célèbre artère commerçante de Beverly Hills. Les sujets semblent inconscients, levant les yeux en marchant ou rêvassant en attendant d'être servis dans ce paysage commercial de boutiques et de restaurants. Anthony Hernandez pose en observateur impartial, immortalisant sur des clichés ensoleillés les cheveux volumineux, les épaules larges et les tailles cintrées des années 1980.
Hernández ne se contente pas de documenter l'expérience urbaine ; ses images révèlent la complexité des espaces sociaux, suggérant disparités économiques et divisions raciales. Des tensions socio-économiques se révèlent dans une rue, symbole évident de réussite civique ; comme l'observe Lewis Baltz : « Ce sont les vainqueurs… savourant le fruit de leur victoire sur Rodeo Drive. »
Travaillant dans les années 1970, Hernández et ses contemporains, dont Lewis Baltz et Terry Wild, s'intéressaient à la photographie du paysage social de Los Angeles. Le travail d'Hernández fut présenté dans une exposition phare, *The Crowded Vacancy*, au Pasadena Museum of Art de Los Angeles (aujourd'hui le Norton Simon Museum) en 1971, qui fit découvrir au public un nouveau type de photographie de paysage américaine – quatre ans avant *New Topographics* ; ces deux expositions inspirèrent un mouvement esthétique qui continue de résonner aujourd'hui.
Anthony Hernandez (né en 1947) a servi pendant deux ans comme médecin dans l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam, avant de se tourner vers la photographie en 1969. Ses projets incluent Landscapes for the Homeless (1988-91), Waiting for Los Angeles (1996-98), Pictures for Rome (2000) et Everything (The Los Angeles River Basin) (2003-4).
Anthony Hernandez Rodeo Drive, 1984
