CITÉ SECRÈTE
 Que reste-t-il d'une ville utopique soviétique ? Comment son histoire s'écrit-elle ? C'est l'objectif de Javier Arboledas lorsqu'il explore les traces topographiques, humaines et mémorielles de Sosnovy Bor. Son projet est construit de manière sédimentaire ; les images sont comme autant de couches accumulées de temps et de mémoire. Il catalogue des enclaves de la ville qui font partie des souvenirs d'un habitant de la deuxième génération, écrits en cyrillique, créant une sorte de télescope spatio-temporel entre la mémoire idéalisée d'un lieu et sa réalité actuelle. Les rêves de gloire et son déclin actuel révèlent implicitement l'effondrement de l'idéal communiste. Le projet s'accompagne d'une série de portraits des habitants actuels de la ville, où le ciel glacial de l'hiver contraste avec la lumière estivale des images du territoire. En ce sens, on s'interroge sur ce qu'il est advenu de l'Homo Sovieticus.
 Caroline Benichou, Paris, août 2022
 Secret City parle à la mémoire d’une ville soviétique créée expressément, pour la première fois sous le concept de cité-jardin, pour le développement de l’énergie atomique civile et militaire, à travers le catalogue des souvenirs d’un habitant de la deuxième génération qui y a vécu, nous invitant finalement à réfléchir sur ce qu’est devenu l’« homo sovieticus » qui rêvait autrefois d’être le « nouvel homme soviétique ».
 Ce projet est né du besoin de comprendre un territoire aussi lointain et étranger, puisque mon partenaire en est originaire. Comme le disait Jean-Luc Godard : « La motivation pour faire des films ne vient pas de l'intention de changer le monde, mais simplement du besoin de le comprendre. »
 C’est par coïncidence dans le contexte sociopolitique actuel que la pertinence de cet ouvrage est mise en évidence, exposant une représentation de la psychologie collective du peuple russe, ajoutant une perspective nécessaire à l’invasion de l’Ukraine.