Dans les années 1970, la Grande-Bretagne était confrontée à une crise dans ses villes. La disparition des industries traditionnelles, entre autres facteurs, avait entraîné une augmentation de la pauvreté, de la mauvaise qualité des logements et du chômage. Cependant, la réponse du gouvernement, sous la direction de Margaret Thatcher, aggravait les problèmes avec ses politiques sociales régressives et sa stratégie économique de laisser-faire. 
Dans ce contexte, une nouvelle génération de photographes engagés a émergé. Formé(e)s pour la plupart à l'université, ils ont rejeté les voies traditionnelles de la photographie afin de documenter les problématiques difficiles qu'ils observaient dans leurs communautés et de confronter les autorités avec leurs images sans concession.

Tish Murtha était à l'avant-garde de ce « mouvement ». Issue d'une famille de dix enfants issus d'un quartier populaire du centre-ville de Newcastle, elle s'est sentie, plus que beaucoup d'autres photographes, parfaitement à l'aise dans l'environnement qu'elle avait choisi de travailler. Ses années d'études à l'étranger auprès de David Hurn, à la toute nouvelle École de photographie documentaire de Newport, lui ont donné la formation et l'expérience nécessaires pour documenter les inégalités et les injustices qu'elle a subies dans sa ville natale. Près de 40 ans plus tard, son talent transparaît à chaque page. Elle a enfin le livre qu'elle mérite.