L'éphémère magazine japonais Provoke est reconnu comme une œuvre majeure de la photographie mondiale de l'après-guerre. Il réunit en seulement trois numéros les exemples les plus controversés de photographie contestataire, d'art d'avant-garde et de théorie critique de la fin des années 1960 et du début des années 1970. Provoke est donc présenté ici comme une synthèse exemplaire des complexités et des usages croisés de la photographie dans le Japon d'après-guerre. Les écrits et les images des membres de Provoke – le critique Koji Taki, le poète Takahiko Okada, les photographes Takuma Nakahira, Yutaka Takanashi et Daido Moriyama – étaient imprégnés des tactiques développées dans certains livres contestataires japonais, qui utilisaient un graphisme innovant et des matériaux d'une « pauvreté » provocatrice. En capturant des actions en direct, la photographie constituait également à cette époque une forme d'expression propice à souligner et à critiquer les mythologies de la vie moderne, avec un large éventail d'artistes tels que Nobuyoshi Araki, Koji Enokura et Jiro Takamatsu. Ce catalogue accompagne la première exposition jamais consacrée au magazine et à ses créateurs et se concentre sur son contexte historique. Il couvre la période préliminaire menant à son premier numéro et les suites de son dernier. Provoke se présente comme une analyse interprétative des courants de l'art et de la société japonais à une époque de rupture et de renouveau historiques.