Le 1er février 2008, à 5 heures du matin, un incendie ravageait Deyrolle, célèbre magasin d'entomologie et de taxidermie antique au cœur de Paris. Ses collections historiques de milliers de papillons et d'insectes rares, d'animaux naturalisés et de minéraux, accumulées depuis son ouverture en 1831, ont disparu, emportant avec elles les souvenirs de générations d'écoliers, de rêveurs et de passionnés fascinés par sa beauté immobile.

 Empaillés, montés et classés, les spécimens d'une grande variété d'espèces préservés par cette institution de renommée mondiale étaient, au mieux, chantés, au pire, réduits en cendres. Ce que l'Homme et la science avaient arraché au cycle naturel de la vie et de la mort et fixé à jamais pour notre plus grand plaisir retrouvait en partie son destin originel : la disparition qui attend toute créature. Le temps s'était arrêté, et la nature avait repris ses droits.

 Les photographies de Martin d'Orgeval montrent les animaux et les insectes ayant survécu à la catastrophe in situ, sur fond de boiseries calcinées dans l'atelier qui les abritait depuis leur mort « naturelle ». Les objets et le lieu forment une œuvre complète, fruit d'un processus étrange et unique, où création, conservation et destruction se succèdent, processus qui trouve son aboutissement et sa conclusion dans la photographie.