Tournée en noir et blanc fantomatique, la première monographie d'Anna Arendt, Disappearance, évoque un monde de terreur et de beauté onirique.

 Arendt est née en République démocratique allemande. Elle avait 24 ans lors de la chute du Mur ; sa fille en avait 2. Ses parents, nés en 1940 en Allemagne, étaient des enfants de la guerre. Ses deux grands-pères, soldats, étaient restés en Pologne entre 1940 et 1942. L'un est revenu deux ans après la fin de la guerre ; l'autre n'y est jamais retourné. Arendt a découvert plus tard que la famille du père de son mari, le photographe Sid Grossman, était originaire de la région de Pologne où ses deux grands-pères avaient été envoyés pendant la guerre.

 Enfant, elle a découvert une étagère secrète contenant des albums photos de famille. « C'est là que j'ai découvert le pouvoir d'une image. Une photo prise à l'été 1940. Une jeune famille : ma grand-mère, son bébé et mon grand-père en uniforme allemand. Une image pleine de contradictions, qui transmet encore aujourd'hui des sentiments ambivalents. »

 Photographiée principalement entre l'Allemagne et la Pologne sur une période de 15 ans, l'œuvre traverse le temps tel un souvenir sanglant. Marchant nue dans la forêt sombre, les loups tournoyant en hurlant. Une fille qui devient mère, qui devient grand-mère, qui devient enfant. Des villages hantés et des âmes en danger. La dure réalité du passé se mêle harmonieusement à des instants d'extase qui semblent tout droit sortis d'un conte des frères Grimm.

 Vanishing est une représentation inoubliable de la façon dont la beauté et la brutalité coexistent dans le cœur des hommes et des bêtes.