Un silence champêtre poursuit mon exploration intérieure des sentiments qui entourent mon sentiment d'identité. Un sentiment d'appartenance moins inaccessible que difficile à saisir. J'hésite encore lorsqu'on me demande d'où je viens – sans doute à cause de mon accent particulier. L'Angleterre est mon pays d'adoption depuis un certain temps, 26 ans plus précisément. Cependant, quitter mes racines profondes a eu un impact profond sur moi. Des sentiments de malaise et d'incertitude m'ont toujours accompagné, et nombre d'entre eux sont liés aux changements constants que je constate dans mon environnement ; ces évolutions reflètent souvent une évolution personnelle au fil du temps. Je voulais qu'Un silence champêtre soit une réponse à ce changement de perception et à ma propre perception de moi-même. Je souhaite célébrer cette période de transition avec des images qui évoquent un calme paisible, un moment de silence qui capture divers tropes du passé avant qu'ils ne soient perdus et oubliés. J'associe ces repères visuels à mon identité d'adoption : je suis toujours en quête de symboles culturels auxquels ancrer mon identité. Je pense souvent à ma relation avec les images que j'ai prises, sélectionnées ou non, et à la façon dont chacune m'aide à comprendre le lieu où je me trouve. Les teintes rose et bleu d'une rue commerçante du Kent et les tons pêche délavés des coiffeurs de Brighton en disent long sur qui nous étions et comment nous faisions les choses, mais aussi sur où nous sommes maintenant et où nous allons. Les panneaux estampillés à la main à Great Yarmouth m'ont encouragé à capturer cette image : des panneaux comme celui-ci représentent une époque, un lieu et tout ce qui les sépare, rappelant que ces sites ont autrefois prospéré. Nous les croisons souvent, parfois quotidiennement, et n'y prêtons guère attention, sauf lorsque leur délabrement contraste avec le nouveau. Pour moi, ces vestiges racontent ma propre compréhension du lieu : ils sont devenus une sorte de feuille de route pour comprendre qui je suis, où je suis et ce que signifie mon environnement. J'évalue constamment le changement, actualisant mes connaissances pour renforcer mon sens du lieu. Le paysage urbain est entièrement notre création et nous en dit long : nous planifions et construisons, récoltons et détruisons, et répétons le processus au fil de notre progression. Il est facile d'oublier que beaucoup de ces choses portent encore l'influence du passé : elles nous en disent long sur nous-mêmes alors que nous sommes prisonniers du temps, que nous survivons, que nous luttons et que parfois nous existons simplement. - Ian Howorth