Tandis que le sirocco traverse le Sahara pour rejoindre Barcelone, hommes et femmes s'enfoncent dans le sable pour forger la chair et la transformer en fer. Certains ont risqué leur vie pour arriver jusqu'ici, traversant des zones de guerre, des déserts brûlants et le tumulte imprévisible de la mer. Les nouveaux arrivants, minces, se déplacent timidement, espérant être acceptés, tisser des liens. Les amitiés nouées aux périmètres de sécurité de Melilla, l'enclave espagnole sur la côte nord-africaine, sont devenues comme des liens familiaux. Unis par la « suerte o muerte », la chance ou la mort, ils s'efforcent désormais de ne plus jamais se sentir aussi faibles. « Je suis crevé », dit-il en s'agenouillant pour se reposer. Je me suis transformé en poussière.